Terroir et histoire

Si l’on trouve un joli vignoble au cœur de la Lorraine, ce n’est pas par hasard… C’est le fruit de la conjonction d’une histoire viticole très riche, datant des romains, et d’un Terroir particulier, où les éléments se rencontrent pour créer des conditions favorables.

Depuis plusieurs années, le vignoble de l’AOC Côtes de Toul, appellation importante des Vins de Lorraine, porte un projet de coopération européenne : Terroir Moselle

VIGNOBLE

Réparti sur 8 villages du Toulois (Lucey, BruleyPagney-Derrière-Barrine, Domgermain, Charme-La-Côte, Mont-Le-Vignoble, Blenod-Les-Toul et Bulligny), l’AOC Côtes de Toul représente une zone de 500 hectares dont 150 sont actuellement plantés. Les sols argilocalcaires sont pris en sandwich entre deux strates calcaires : celle en sous-sol a bloqué l’écoulement de la Moselle vers la Meuse, celle formant le plateau, en s’effritant, participe au bon drainage des sols. Le relief de cuesta, quant à lui, protège des vents dominants venus de l’ouest et offre une diversité d’expositions au soleil.

TERROIR MOSELLE

En partenariat avec leurs collègues allemands et luxembourgeois, les vignerons lorrains ont créé un projet de coopération transfrontalière d’envergure. Le GIE Européén Terroir Moselle est né de cette volonté de mettre en commun l’histoire et la tradition viticole le long des 550 km formés par le lit de la Moselle. Au total, près de 10.000 ha de vignes sont implantés sur la rivière internationalement connue et dont les Côtes de Toul sont la porte d’entrée sud !

HISTOIRE

En faisant de Trêve la capitale du St Empire Romain Germanique, les romains implantent la vigne le long de la Moselle. Plus tard, les rois de France (dont Charlemagne) puis les Evêques de Toul et les Ducs de Lorraine (dont Stanislas) la développent. En 1860, le vignoble toulois représente 8.000 ha sur les 60.000 plantés en Lorraine. Entre 1870 et 1945 le vignoble périclite (guerre, phylloxera,…). A partir de 1951 (classement en VDQS) le vignoble renait de ses cendres grâce à plusieurs générations de vignerons passionnés. Depuis 1998, il est classé en AOC et les efforts qualitatifs continuent.

En 1860, on compte alors près de 50.000 Ha en Lorraine dont 38.000 dans le département de la Meurthe. Le vignoble est à son apogée et, à partir de 1870, il amorce son déclin.
En l’espace de 70 ans, il est touché conjointement et successivement par l’arrivée de l’épidémie du phylloxera dans le Nord de l’Europe, les guerres franco-allemande de 1870, de 1914 et de 1939, le développement de l’industrie minière dans le Nord de la Région qui aspire littéralement toute la main d’œuvre disponible en Europe (dont les vignerons tâcherons des Côtes de Toul), l’arrivée, par le chemin de fer, de vins ensoleillés du Sud de la France et la fermeture du marché champenois suite aux émeutes meurtrières des vignerons champenois en 1909 et 1910 qui débouchera sur la création des prémices de l’AOC Champagne.

En 1951, le vignoble des Côtes de Toul passe à côté de sa destruction grâce à une poignée de vignerons emmenés par André Piquot, député-maire de Lucey. Avec ses collègues ils protègent les 30 hectares de vigne restant sur le territoire grâce à la création d’un Appellation d’Origine VDQS Côtes de Toul. Cette première étape redirigera le vignoble sur une pente de croissance. Pendant les Trente Glorieuses, le marché absorbe toute la production des Côtes de Toul et les vignes sont replantées, gagnant ainsi de l’espace sur la forêt et sur les cultures de petits fruits (groseilles, cassis,…) qui avaient été mises en place par les agriculteurs. A partir des années 1980, un virage qualitatif est pris alors les vignerons se réapproprient la fonction de vinification délaissée par les négociants (les Ets. CORDIER quittent Toul dans les années 80 et rachètent le Château Talbot, Grand Cru Classé dans le Médoc).

En 1998, après 15 ans de travail effectués en commun par les vignerons, le vignoble est classé en AOC par Lionel Jospin, Premier Ministre de l’époque. L’effort qualitatif est maintenu après l’obtention de l’AOC afin de satisfaire toujours plus les consommateurs et obtenir de la profession une reconnaissance bien méritée.